Les Gredins du patriotisme économique

Samuel Johnson parlait du patriotisme comme du « dernier refuge du gredin ». Si cela est vrai, que devons-nous penser du nationalisme économique montant d’aujourd’hui, parfois décrit par l'euphémisme de « patriotisme économique » ?

En effet, le nationalisme économique est exceptionnellement dynamique en ce moment. L’opposition intense et générale contre l’entreprise de Dubaï qui se préparait à prendre le contrôle de certains ports américains a choqué le gouvernement américain. En Pologne, ce sont les prises de contrôle étrangères des banques qui suscitent des réactions générales défavorables. {0>France is blocking the acquisition of French utilities by the Italian electricity company Enel.<}0{>La France quant à elle s’oppose à l’acquisition de services publics français par l’entreprise italienne Enel, spécialiste de l’électricité.<0} Soutenue par d’autres gouvernements européens, la France s’agite également contre la prise de contrôle d’Arcelor, société aciériste luxembourgeoise, par une société néerlandaise contrôlée en grande partie par un magnat de l’acier indien.

Les défenseurs de ces malheureuses prises de contrôle transfrontalières s’inquiètent qu’un sinistre relent des pires moments du vingtième siècle flotte dans l’air. C’est un ministre italien hors de lui qui a lancé un avertissement contre une nouvelle mobilisation du nationalisme populiste relevant d’un scénario à la manière « d’août 1914 ». Les années 1930 offrent une meilleure analogie : en 1933, l’année de l’accession au pouvoir d’Hitler, l’économiste le plus réputé au monde, John Maynard Keynes, a publié un appel pour une « autonomie nationale ».

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