Le chemin vers la justice en Irak

Alors que le débat sur les véritables causes de la guerre en Irak se prolonge, nous ne devons pas nous contenter de regarder en arrière. Les investigations portant sur l'attitude de la coalition menée par les USA avant le conflit risquent de dévoiler mensonges et manipulations officielles destinés à justifier l'intervention militaire. Or, les questions persistantes sur la légitimité de cette intervention concernent non seulement le passé, mais aussi de plus en plus le présent, avec l'absence persistante ne serait-ce que d'un semblant de légalité en Irak.

Aujourd'hui, l'état de la sécurité dans ce pays est tel que l'on peut se demander si la guerre est réellement terminée. Les actions de guérilla contre les soldats de la coalition montrent qu'il n'y a pas de frontière nette entre l'avant et l'après-guerre. Il en va de même avec la continuation inquiétante de l'absence de légalité qui était la règle avant l'occupation et qui se prolonge maintenant sous l'autorité formelle de la puissance occupante. Car c'est le respect de la légalité, et uniquement le respect de la légalité, qui distingue les pays libres des dictatures.

Les responsables de la coalition militaire reconnaissent l'évidence : sans preuve de la mort de Saddam Hussein, la résistance menée par ses plus fidèles partisans va continuer. Mais qu'en est-il du besoin de solder les comptes du passé ? Pour marquer l'avènement d'une période nouvelle en Irak, est-il de moindre importance de rendre justice aux victimes et de condamner les auteurs des crimes ordonnés par Saddam ?

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