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L’euro est nu

LONDON – Défis exceptionnels, piètres réponses: l’Union européenne n’est que trop rarement à la hauteur des circonstances et c’est pourquoi l’Europe est à la dérive, économiquement et géopolitiquement.

Avec le Traité de Rome, qui instituait en 1958 la Communauté économique européenne, l’Europe faisait un grand bond en avant. Mais avoir choisi de bâtir un marché commun, sans se doter d’un gouvernement commun, c’était tout simplement courir au-devant des ennuis. Tout – de l’élargissement à 27 Etats-membres à la création de la zone euro à 16 – n’a cessé, depuis, de creuser l’écart entre rhétorique et réalité. L’Euroland a passé son temps à prodiguer des promesses trop grandes pour lui.

La crise financière grecque a encore permis, dernièrement, de constater ce gouffre entre réalité et rhétorique. Il s’agit, à l’origine, d’une crise “d’élargissement,” élargissement de la zone euro, dans ce cas précis. Dans les années quatre-vingt-dix, le Portugal, l’Italie, la Grèce et l’Espagne (affublés de l’acronyme peu obligeant de PIGS) avaient accompli des efforts budgétaires sans précédent – avec le recours à une comptabilité fantaisiste en Grèce – qui leur avaient permis, en 2002, de remplir les critères d’entrée de la zone euro. Mais dès leur admission, la pression s’est relâchée. La plupart des pays méditerranéens, certains d’échapper aux semonces des marchés, ont persisté dans leurs manies dispendieuses.

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