e1e1b30346f86f380e44b617_dr2812.jpg Dean Rohrer

Le royaume saoudien a-t-il été trahi ?

LONDRES – Les proverbes sur la solitude du pouvoir ont dû prendre une nouvelle dimension pour le roi Abdallah d’Arabie saoudite. Il a non seulement vu de proches alliés régionaux être renversés, dont le président égyptien Hosni Moubarak et le président yéménite Ali Abdallah Saleh, mais également vu vaciller d’autres trônes, au Bahreïn, au Maroc et en Jordanie, sous la pression populaire.

Et les États-Unis, pourtant alliés de longue date du royaume saoudien, s’en sont détournés en soutenant (avec réticence) le printemps arabe et s’apprêtent à retirer leurs troupes de l’Irak voisin. Qui, se demande Abdallah, empêchera le loup iranien de pénétrer dans le poulailler saoudien ?

Dans le cadre d’un accord de sécurité conclu avec le gouvernement irakien, les Etats-Unis se sont engagés à retirer leurs troupes d’ici à la fin de l’année. L’Arabie saoudite, ainsi que les pays du Golfe d’obédience sunnite, préféreraient que les troupes américaines restent en Irak pour maintenir à distance un Iran de plus en plus sûr de lui. L’administration américaine en est bien consciente, mais le peuple américain – et les citoyens irakiens – souhaitent que les soldats américains rentrent chez eux. Aucune faction politique irakienne ne souhaite porter la responsabilité d’une occupation prolongée, mais la plupart d’entre elles, à l’exception du mouvement de Muqtada al-Sadr, seraient prêtes à accepter une présence militaire américaine pour cinq ans de plus.

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