Le caucus de l’Iowa et l’Alliance atlantique

Que signifient, pour la politique étrangère américaine en général et pour l’Alliance atlantique en particulier, les victoires au caucus de l’Iowa de deux outsiders relativement inexpérimentés, Barak Obama et Mike Huckabee ? Il est un peu tôt pour prédire qui l’emportera finalement dans la course à la nomination, compte tenu de la pluralité des votes exprimés par une fraction de votants éligibles et dans un petit État. Mais il n’est pas trop tôt pour se demander si l’attitude incroyablement cavalière et volontairement aliénante de l’administration Bush envers les alliés européens des Etats-Unis changera radicalement de cours le 20 janvier 2009.

Les observateurs s’accordent à dire que les votants ayant choisi Obama et Huckabee pensaient ainsi rejeter le statu quo. Pour faire table rase des erreurs du passé, ils semblent avoir choisi les candidats qu’ils connaissaient le moins. Mais de quel statu quo s’agit-il exactement ? En y regardant de plus près, le concept de « la politique comme d’habitude » qu’ils ont récusé semble plutôt nébuleux. Obama a souvent associé Hillary Clinton, dont l’équipe politique s’est pourtant personnellement et idéologiquement engagée à arracher le pouvoir des mains des occupants actuels de la Maison Blanche, à la pensée dominante à Washington entre 20001 et 2007. Plus étrange encore, l’avenant et imprévisible Huckabee affirme que l’ancien gouverneur du Massachusetts, le mormon Mitt Romney, est du même bord que les hommes en place.

Pour préciser la discussion, nous pouvons poser la question suivante : la dégradation des relations atlantiques sous la présidence de George W. Bush fait-elle partie du statu quo rejeté par les votants partisans d’Obama et de Huckabee ? Après tout, le dénigrement de la « vieille Europe » par l’administration actuelle n’est pas juste un aparté rhétorique, mais un élément central de son approche irresponsable de la politique étrangère. Pour cette raison, toute véritable rupture avec l’héritage désastreux de Bush doit commencer par un réexamen et une reconstruction de l’Alliance atlantique. Il est pourtant extrêmement douteux que le renouveau de l’atlantisme constitue une priorit

https://prosyn.org/EJpQPLmfr