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Une ville prison

GAZA – Il est plus simple de pénétrer une prison sous très haute sécurité que d’entrer dans la bande de terrain (de 45 km de long et environ 8 de large) qu’est le foyer d’1,5 millions de Palestiniens à Gaza. Cerné par un mur inhospitalier, des miradors et des zones tampon mortelles, je suis entré au moyen d’un visa durement obtenu par le passage d’Erez (barrières en fer, scanners et interrogatoire mené par de jeunes et las officiers de l’immigration). De l’autre côté se trouvait une passerelle grillagée menant vers cette partie de la Palestine, coincée entre Israël, l’Egypte, la Méditerranée et l’indifférence générale de la communauté internationale.

La traversée de cette longue cage – sous une chaleur étouffante – offre une vue apocalyptique. De petits groupes de Palestiniens démolissent les vestiges des infrastructures industrielles anéanties par les bombes – des blocs de béton qui polluent le paysage sablonneux. Ils désossent ces blocs pour en récupérer le gravier et les barres d’acier. Le résultat de leur ouvrage est emmené sur des charrettes tirées par des chevaux galeux. Voilà ce qu’on appelle de l’industrie à Gaza.

De temps à autre, le monde est secoué par l’horrible quotidien de Gaza, puis s’en retourne à la Coupe du monde ou aux préparatifs des vacances d’été. Nous avons par exemple été réveillés par les attaques militaires de décembre 2008 et janvier 2009 où plus de 1 300 Palestiniens (dont plus de 300 enfants) et 13 Israéliens ont trouvé la mort. En mai dernier, nous avons à nouveau été plongés dans l’horreur lorsque les forces de défense israéliennes ont attaqué une flottille humanitaire turque, causant neuf pertes civiles.

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