113da6035ceb20980ad86c00_pa1125c.jpg Paul Lachine

L’avenir de la croissance économique

CAMBRIDGE – Pour la première fois peut-être dans l’histoire moderne, l’avenir de l’économie globale est entre les mains des pays pauvres. Les États-Unis et l’Europe luttent tels des géants blessés, victimes de leurs excès financiers et de paralysie politique. Ils semblent condamnés par le poids de leurs dettes à des années d’apathie ou de croissance lente, d’inégalités croissantes et de possibles conflits sociaux.

Dans le même temps, une grande part du reste du monde déborde d’énergie et d’espoir. Les responsables Chinois, Brésiliens, Indiens et Turcs sont plus préoccupés par une croissance trop forte que l’inverse. Selon certains indicateurs, la Chine est déjà la plus grande économie mondiale et les marchés émergeants et les pays en développement contribuent pour moitié à la production mondiale. La société de conseil McKinsey a baptisé l’Afrique, longtemps synonyme d’échec économique, de terre des « lions en mouvement ».

Comme c’est souvent le cas, c’est la fiction qui reflète le mieux l’évolution des temps. Le roman comique du romancier exilé russe Gary Shteyngart, Super Sad True Love Story (Une super triste véritable histoire d’amour, ndt) éclaire, autant qu’il est possible de le faire, sur ce qui nous attend peut-être. L’histoire, située dans un futur proche, se déroule dans une Amérique qui a basculé dans la ruine financière, gouvernée par une dictature unipartite, et enlisée dans une autre aventure militaire inutile à l’étranger – cette fois au Venezuela. Tout le travail réel dans les entreprises est effectué par des immigrés qualifiés ; les huit universités les plus prestigieuses, dites Ivy League, ont adopté les noms de leurs homologues asiatiques pour survivre ; l’économie doit tout à la banque centrale chinoise ; et des « dollars américains indexés sur le yuan » ont remplacé la monnaie régulière comme avoirs de choix sûrs.

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