Les petits meneurs de l'UE

La défaite du traité constitutionnel de l'UE aux référendums de France et des Pays-Bas a, semble-t-il, donné naissance à un nouveau consensus selon lequel l'élargissement de l'Union devrait être ralenti, voire arrêté. Les partisans de cette position considèrent que les électeurs européens sont terrifiés par les conséquences de l'élargissement de l'UE de mai 2004, quand huit États anciennement communistes ont rejoint ses rangs, et qu'ils sont en colère de ne pas avoir été consultés à ce sujet.

Certaines de ces peurs concernent les marchés du travail : c'est le prétendu problème du “plombier polonais.” Dans cette interprétation, les salaires se désagrègent et les emplois disparaissent à cause du déferlement d'Européens du centre, peu qualifiés et bon marché. Les cas particuliers, comme la disparition des emplois de transformation de viande et d'emballage allemands, ou les travailleurs saisonniers en France, ont fait l'objet de longues discussions comme étant la preuve d'une nouvelle menace.

Mais le plombier polonais n'est qu'un piètre croquemitaine. Tout d'abord, l'arrivée massive de travailleurs ne date pas de l'élargissement. Les Polonais occupaient déjà des emplois agricoles, dans la betterave sucrière et les vendanges, même à l'époque communiste. Avec la chute du Rideau de fer en 1989, les flux de main d'œuvre, légale et illégale, sont devenus bien plus conséquents.

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