La remise en question de l’étalon dollar

PALO ALTO – Depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, le dollar américain est utilisé dans la plupart des échanges commerciaux mondiaux, servant de devise intermédiaire dans le règlement international des paiements entre les différentes banques, et dominant les réserves de change officielles. Cet arrangement a souvent fait l’objet de critiques. Mais existe-t-il une alternative viable à cette solution& ?

La difficulté d’une Europe d’après-guerre enlisée dans la dépression et l’inflation a résidé dans l’insuffisance de ses réserves de change, qui a fait peser sur les échanges commerciaux un coût d’opportunité élevé. Afin de faciliter un commerce qui n’exigerait pas de paiement après chaque transaction, l’Organisation européenne de coopération économique a créé l’Union européenne des paiements en 1950. Appuyés par une ligne de crédit libellée en dollar, les 15 États d’Europe occidentale membres de l’UEP ont instauré des parités exactes de change en dollar, prélude à l’ancrage de leurs niveaux de prix domestiques ainsi qu’à la levée de l’ensemble des restrictions monétaires sur les échanges commerciaux intra-européens. Ceci a constitué la clé de voûte du succès considérable du Plan Marshall pour la relance économique, en vertu duquel les États-Unis ont aidé à reconstruire les économies européennes.

De nos jours, la plupart des économies développées, à l’exception de quelques États d’Europe de l’Est, choisissent encore de fixer leurs arrangements macroéconomiques nationaux en stabilisant leurs taux de change par rapport au dollar, au moins par intermittence. Pendant ce temps, afin d’éviter un conflit de taux de change, la Réserve fédérale américaine choisit généralement de ne pas intervenir sur les marchés des changes.

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