aichengreen176_Andrey SuslovGetty Images_digitalbank Andrey Suslov/Getty Images

Plutôt que la géopolitique, la technique va-t-elle redessiner l'ordre monétaire mondial ?

BERKELEY – Lorsque les USA et leurs partenaires du G7 ont décidé de sanctions à l'encontre de la banque centrale russe en interdisant aux institutions financières occidentales de travailler avec leurs homologues russes, des commentateurs ont alerté quant au risque de conséquences de grande ampleur pour l'ordre monétaire et financier mondial. Certains pays, prédisaient-ils, vont considérer que l'Occident franchit une étape supplémentaire dans l'utilisation de la finance comme une arme. Craignant d'être un jour eux aussi la cible de ces sanctions, ils pourraient limiter leur dépendance à l'égard du dollar, des banques américaines et du système SWIFT (l'un des principaux réseaux internationaux de messagerie bancaire et financière). Ils prévoyaient que la Chine en serait le principal bénéficiaire.

Jusqu'à présent l'Empire du Milieu ne s'est pas engagé dans le conflit entre la Russie l'Occident. Il dispose d'un système bancaire de taille. Il a créé un Système de paiement interbancaire transfrontalier (CIPS, Cross-Border Interbank Payment System) pour faciliter les règlements en renminbi. Ce système constitue une alternative au service électronique de transfert de fonds Fedwire et au système CHIPS (Clearing House Interbank Payments System) qui permet d'effectuer des règlements en dollar.

La Russie accepte déjà le renminbi en paiement pour au moins 14 % de ses exportations. Son fonds souverain détient des titres et des dépôts en renminbi pour une valeur de 45 milliards de dollars, et l'année dernière les entreprises russes ont émis des obligations libellées en renminbi à hauteur de 7 milliards de dollars.

https://prosyn.org/uHi3zEOfr