Globe facing Iran and Asia

Construire des ponts sur le golfe Persique

MADRID – Les tensions entre l’Iran et l’Arabie saoudite se sont exacerbées début janvier, avec le sac de l’ambassade saoudienne à Téhéran par des manifestants, après que le Royaume a exécuté un religieux chiite. Ce n’est que la dernière manifestation de la vieille rivalité entre les deux puissances moyen-orientales. Mais si cette inimitié mutuelle n’est pas neuve, elle n’est pas si ancienne qu’on le dit parfois. À l’examen de leurs intérêts communs, un retour à la coopération des actuels adversaires, quoique fort difficile, n’apparaît pas impossible.

Si elle a joué un rôle essentiel dans la construction de leur identité, la différence religieuse entre les deux pays – l’Arabie saoudite est la première puissance sunnite du monde arabe et l’Iran est à majorité chiite –, n’a pas toujours été prétexte à confrontation dans la région. Ce n’est qu’en 1501 que la dynastie safavide fait du chiisme la religion officielle de la Perse, se distinguant ainsi de ses voisins Ottomans sunnites. Durant les deux siècles qui suivent, la Perse s’oppose à l’Empire ottoman – le cœur du califat sunnite – pour la suprématie régionale.

En 1932, à sa proclamation, le « Royaume arabe saoudite » adopte le wahhabisme – une école de l’islam sunnite – comme confession officielle. L’Arabie saoudite et l’Iran établissent néanmoins des relations diplomatiques. Dans les années soixante et aux début des années soixante-dix, les deux États, dont les intérêts convergent face aux mouvements radicaux qui menacent leurs monarchies, renforcent leur coopération politique autour d’objectifs communs de sécurité. En même temps qu’ils œuvrent à circonscrire les progrès du communisme d’inspiration soviétique dans le monde arabe, ils apparaissent comme des alliés essentiels de l’Occident, et tout particulièrement des États-Unis.

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