elerian150_Marijan Muratpicture alliance via Getty Images_europegas Marijan Murat/picture alliance via Getty Images

La problématique de l'actuel régime de sanctions contre la Russie

CAMBRIDGE – Cela fait maintenant cinq mois que l’Europe et les États-Unis ont commencé à imposer de lourdes sanctions économiques et financières contre la Russie, pays du G20 qui représentait la onzième plus grande économie mondiale à la veille de l’invasion en Ukraine. Bien que les sanctions aient été renforcées au cours des mois écoulés, le débat fait rage autour de leur efficacité, des conséquences plus larges de la guerre pour les marchés et l’économie mondiale, ainsi que des prochaines étapes à entreprendre pour l’Occident.

Concernant la première des trois interrogations, même si les sanctions se révèlent moins efficaces que l’espéraient l’Europe et les États-Unis, elles coûtent à la Russie bien plus cher que le prétend le Kremlin. La banque centrale russe prévoit une contraction de 8-10 % du PIB cette année, d’autres projections annonçant une chute plus sévère, ainsi que des dégâts prolongés du côté de la croissance potentielle. Importations et exportations ont été sérieusement perturbées, et les flux entrants d’investissements étrangers ont pour l’essentiel cessé. Les pénuries se multiplient, poussant l’inflation à la hausse. À ce stade, le pays ne dispose plus d’un marché des changes en état de fonctionnement correct.

Les sanctions se seraient révélées beaucoup plus douloureuses si l’Occident n’avait pas choisi d’épargner le secteur énergétique russe, et si de plus nombreux pays s’étaient joints aux efforts des États-Unis et de l’Europe. Ceci n’ayant pas eu lieu, la Russie ne ressent pas autant de pression qu’elle le devrait. Elle demeure par ailleurs en capacité de poursuivre ses échanges commerciaux via diverses portes dérobées, qui revêtiront probablement de plus en plus d’importance tant que le régime de sanctions, dans sa conception actuelle, restera appliqué.

https://prosyn.org/nS2LmMafr