Le pouvoir fragile de la Russie

Cette année, la Russie a envoyé une importante délégation au Forum économique de Davos. Alors qu’elle était bien représentée du temps de la présidence d’Eltsine, le nombre de participants russes au forum n’avait cessé de décliner depuis l’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine. La fédération de Russie a toutefois envoyé cette année une délégation de haut niveau et organisé une session portant sur « une politique étrangère plus musclée pour la Russie » qui a attiré un bon nombre de participants.

Grâce à la hausse du prix des matières premières énergétiques, de nombreux hauts responsables russes profitent de leur renouveau d’influence. Lors d’un dîner avec des représentants du gouvernement et de Gazprom, le géant pétrolier, j’ai été invité à me prononcer sur les relations entre les Etats-Unis et la Russie. J’ai indiqué que l’Amérique et l’Europe avaient entretenu trop d’illusions sur la démocratie en Russie dans les années 90 et étaient aujourd’hui dans une phase de désillusion. La situation de la Russie est préoccupante, et des questions se posent sur la manière dont elle usera de son pouvoir retrouvé et comment l’Occident y répondra.

L’un des points de vue est que la politique russe fonctionne comme un pendule. Il avait oscillé trop loin vers le chaos sous Eltsine, et aujourd’hui il est allé trop loin vers l’ordre et le contrôle étatique sous Poutine. Il n’est pas allé en direction du stalinisme ; le tsarisme serait une meilleure métaphore historique. Les observateurs se demandent si ce pendule atteindra un jour un point d’équilibre.

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