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La Protection des civils

NEW YORK –Le Conseil de sécurité des Nations Unies autorisait il y a dix mois à peine, et sans aucune contestation, le recours à « toutes les mesures nécessaires » pour la protection des populations civiles des risques imminents de massacre dans la Lybie du Colonel Mouammar Kadhafi. Ces vies furent sauvées – et, si le Conseil de Sécurité avait agi avec la même fermeté et la même détermination dans les années 90, 8 000 vies à Srebrenica et 800 000 autres au Rwanda auraient aussi pu être sauvées.

Nous avons été très nombreux à saluer cet accord d’intervention en Lybie comme l’arrivée à maturité du principe de responsabilité de protéger (R2P, en anglais), voté à l’unanimité par les gouvernements de la planète en 2005. L’essence de ce principe – contrecarrer des siècles de traitement de la souveraineté comme un quasi droit de tuer – est que les états doivent protéger leurs propres populations du génocide et autres crimes de masse. Si, à l’évidence, ils n’y parviennent pas, la communauté internationale a la responsabilité d’agir – par la persuasion, si possible, et par la force, si nécessaire.

Aujourd’hui, dix mois plus tard, le cas de la Syrie paralyse le Conseil de sécurité, incapable de se mettre d’accord non seulement sur la décision ultime que constituerait l’intervention de la force militaire, mais même sur des mesures moins coercitives comme des sanctions ciblées, un embargo sur les armes ou un renvoi à la Cour Pénale Internationale. Cette inaction perdure malgré plus de 5 000 morts et des perspectives bien pires que celles de la Lybie au début de l’année dernière.

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