rodrik204_ISHARA S. KODIKARAAFP via Getty Images_sri lanka debt ISHARA S. KODIKARA/AFP via Getty Images

Sauver la croissance économique des pays en voie de développement très endettés

CAMBRIDGE – Cette année risque de se révéler dévastatrice pour les pays en voie de développement, à mesure que de plus en plus d’entre eux se retrouveront submergés par les crises de la dette. Plusieurs États (Liban, Sri Lanka, Russie, Suriname et Zambie) connaissent d’ores et déjà une situation de défaut de paiement, et de nombreux autres ont d’urgence besoin d’un allégement de leur dette s’ils entendent éviter effondrement économique et aggravation dramatique de la pauvreté.

La réponse dominante face aux crises de la dette consiste à négocier des paquets de mesures complexes, impliquant le pays débiteur, les institutions financières internationales (IFI), et les autres créanciers extérieurs. Détenteurs d’obligations nationales, organisations syndicales et autres acteurs jouent également un rôle, compte tenu des intérêts propres qu’il leur faut préserver. Le processus de négociation entre toutes ces parties peut se révéler fastidieux, et inclure d’importantes manœuvres nationales et mondiales visant à reporter sur autrui une plus large part des pertes, pendant que la situation des pays débiteurs continue de se détériorer.

L’accession des économies émergentes au rang des grands créanciers publics bilatéraux ajoute par ailleurs de la complexité à ce processus déjà difficile. La Chine, l’Inde, les pays du Moyen-Orient, et d’autres, ne s’inscrivent pas dans le cadre des accords conventionnels de règlement de la dette. En plus de compliquer la coordination, cette hétérogénéité des créanciers est susceptible d’entraîner des tendances encore plus destructrices, basées sur des prévisions autoréalisatrices, de type crises bancaires et inversions soudaines des flux de capitaux.

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