Chinese steel plant worker STR/Getty Images

Le protectionnisme ne protégera les emplois nulle part

CAMBRIDGE – À l'heure où les dirigeants politiques américains et européens s'inquiètent de l'avenir des emplois de qualité, ils feraient bien d'examiner les problèmes bien plus grands que rencontrent les pays en développement d'Asie - des problèmes qui menacent de mettre la pression sur la baisse des salaires à l'échelle mondiale. En Inde, où le revenu par habitant vaut environ un dixième de celui des États-Unis, plus de 10 millions de personnes par an quittent la campagne et se ruent vers les zones urbaines, où ils échouent souvent à trouver du travail même comme chaiwalas, encore moins comme programmeurs informatiques. La même angoisse qui touche les Américains et les Européens quant à l'avenir de l'emploi est d'un ordre de grandeur supérieur en Asie.

L'Inde doit-elle suivre le modèle d'exportation traditionnel de l'industrie que le Japon a lancé et que tant d'autres, notamment la Chine, ont suivi ? Où cela va-t-il mener si au cours des deux prochaines décennies l'automatisation rend la plupart de ces emplois obsolètes ?

Il y a bien sûr le secteur des services, où travaille 80 % de la population des économies avancées et où le secteur de l'externalisation vers l'Inde est toujours en tête du classement mondial. Malheureusement, là non plus, l'avenir n'est pas vraiment rose. Les systèmes d'appel automatisés remplacent déjà une part substantielle du secteur mondial des centres d'appels téléphonique et de nombreux emplois de programmation de routine perdent du terrain face à la concurrence des ordinateurs.

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