broning10_ Drew AngererGetty Images_biden harris Drew Angerer/Getty Images

Donnons une chance au centrisme

NEW YORK – En Europe, les milieux intellectuels de gauche sont portés à la méfiance envers le « centrisme » politique. Sa malencontreuse prédilection pour le juste milieu, l’empêche, à en croire ses détracteurs, de formuler des solutions nouvelles, et conduit ainsi à la montée des partis extrémistes, à gauche comme à droite. Sous cet angle, les corollaires du centrisme sont le populisme, la polarisation politique et, en fin de compte, une défiance croissante envers les principes démocratiques.

Cette analyse n’est pas sans intérêt. La démocratie a besoin qu’on discute franchement et contradictoirement des meilleurs moyens d’avancer. Fermer la porte aux solutions politiques nouvelles en appuyant aveuglément le statu quo constitue l’une des meilleures recettes pour en arriver à la catastrophe. « Le débat n’est jamais fini – écrivait feu Zygmunt Bauman, sociologue né en Pologne. Il ne peut l’être, à moins que la démocratie cesse d’être démocratique. »

Mais cela ne signifie pas que les partis politiques de centre gauche devraient tourner le dos au pragmatisme et à la modération. En réalité, les éléments de preuves venant de quelques points chauds électoraux actuels suggèrent probablement l’inverse. Malgré la polarisation politique croissante qui caractérise de nombreux pays, beaucoup d’électeurs semblent bien plus à l’aise avec les positions centristes qu’on ne l’admet généralement.

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