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Le temps est venu de partager les profits au bénéfice de tous

NEW-YORK – La conférence annuelle du parti travailliste a eu lieu en septembre à Liverpool.  John McDonnell, le ministre des Finances du cabinet fantôme, y a prononcé un discours retentissant avec une proposition forte : mieux partager les profits réalisés par l'économie en distribuant aux travailleurs des actions de leur entreprise. Mais les experts et les économistes ont réagi avec scepticisme. Il est vrai que mal appliquée, cette idée pourrait avoir des conséquences néfastes ; mais ce n'est pas une raison pour jeter le bébé avec l'eau du bain. Et c'est plutôt un bon signe de voir un leader politique la défendre publiquement.

Nombre d'économistes classiques, de Martin Weitzman et de Richard B. Freeman à Joseph E. Stiglitz, en passant par Debraj Ray et Kalle Moene, ont fait des propositions voisines en ce sens. L'économie de beaucoup de pays avancés se trouvant à un point critique, avec des niveaux d'inégalité éhontés qui menacent de déchirer l'essence même de la démocratie, le temps est venu de mieux partager ses bénéfices.

C'est ce mois-ci le 10° anniversaire de la faillite de Lehman Brothers, à cette occasion il serait utile d'examiner ce qui s'est passé durant ces 10 ans. La Grande Récession qui a suivi la crise de 2008 a affecté toute la société, y compris les riches. Cela a été l'une des rares périodes de l'Histoire au cours de laquelle le nombre de riches dans le monde a diminué. Mais ne les plaignons pas, ils s'en sont très bien sortis : alors qu'en 2008 les 1% des ménages les plus riches du monde détenaient 42,5% de la richesse mondiale, ils en détiennent aujourd'hui 50,1%.

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