stiglitz316_NOAH BERGERAFP via Getty Images_siliconvalleybank Noah Berger/AFP via Getty Images

Une nouvelle faillite bancaire prévisible

NEW YORK – Le mouvement massif de retrait des dépôts qui a surpris la Silicon Valley Bank (SVB) – dont dépendent presque la moitié de toutes les start-up aux États-Unis soutenues par du capital-investissement – apparaît en un certain sens comme la répétition d’une histoire bien connue. Mais c’est plus que cela. Une fois encore, le régulateur financier et de la politique économique a été pris en défaut.

La nouvelle de la deuxième plus grande faillite bancaire de l’histoire des États-Unis est tombée quelques jours seulement après que le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, a témoigné devant le Congrès de la solidité de la situation financière des banques américaines. Mais cet étrange calendrier n’a pourtant rien de surprenant. Si l’on considère les hausses importantes et rapides des taux d’intérêt voulues et mises en œuvre par Powell – probablement les plus considérables depuis celles décidées voici quarante ans par le président d’alors de la Fed, Paul Volcker –, il était à prévoir que la brutalité des évolutions des prix des actifs financiers causerait quelque part dans le système financier un trauma.

Mais non, ne vous inquiétez pas nous enjoignait toujours Powell – en dépit des précédents historiques en abondance qui nous laissaient entendre, au contraire, que nous devions nous inquiéter. Powell était l’une des pièces maîtresses de l’équipe de régulation mise en place par l’ancien président Donald Trump pour relâcher les contraintes réglementaires de la loi Dodd-Frank, adoptée après la débâcle financière de 2008 ; le but de cet assouplissement étant de dispenser les « petites » banques des normes exigées des grandes, dites systémiques. Au regard de Citybank, SVB est petite, mais pas pour les millions de personnes qui en dépendent.

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