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Que reste-t-il de la gauche populiste ?

PRINCETON – À l’heure où s’accentue la crise au Venezuela, les conservateurs d’Amérique et d’ailleurs pointent joyeusement du doigt le chavisme pour insister sur les dangers du « socialisme ». Le parti espagnol de gauche Podemos étant par ailleurs en voie de désintégration, de même que Syriza en Grèce perd constamment en popularité depuis 2015, les observateurs même les plus impartiaux pourraient bien en conclure à une disparition prochaine de la « vague rose » du populisme de gauche.

Or, ces analyses associent des phénomènes politiques mutuellement étrangers. Le seul programme à s’être décrit comme représentant exclusivement « le peuple », tout en déclarant illégitime toute opposition au « socialisme du XXIe siècle », n’est autre que le chavisme, qui représente effectivement une menace pour la démocratie. Pour autant, le chavisme n’est qu’une idéologie spécifique, qui a été intégrée au cadre que partagent tous les populistes.

En effet, les populistes de droite comme de gauche se décrivent comme les seuls représentants d’une population homogène, vertueuse et travailleuse. Ils dépeignent tous les autres prétendants au pouvoir comme corrompus, et tous les citoyens qui ne les soutiennent pas comme des traîtres. Leur politique n’est pas seulement anti-élitiste, mais également anti-pluraliste.

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