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Expliquer la reprise mondiale en période de récession politique

MILAN – Moment de pause dans une existence au rythme effréné, l’été est une période propice à une réflexion sur les problématiques fondamentales. L’un des principaux paradoxes qui occupent dernièrement mon esprit réside dans une déconnexion entre d’une part les disfonctionnements généralisés de la politique, et d’autre part la relative solidité des performances de l’économie et des marchés financiers.

Actuellement, les grandes puissances économiques de la planète enregistrent une reprise régulière, certes ponctuée de revers occasionnels. Bien entendu, les performances économiques sont encore loin d’exprimer leur plein potentiel : on observe selon les pays certains écarts de production, un endettement excessif, des bilans fragiles, un sous-investissement, ou à plus long terme des passifs non générateurs de dette qui ne sont pas financés. Pour autant, les marchés financiers ne montrent aucun signe de convulsion, alors même que les mesures de relance monétaire s’effacent peu à peu.

Dans le même temps, les conditions politiques semblent se détériorer. La polarisation s’intensifie, notamment en raison d’une opposition croissante à la mondialisation ainsi qu’aux modèles de croissance déséquilibrés que celle-ci engendre. Au États-Unis, par exemple, le Pew Research Center rapporte non seulement que les citoyens interrogés s’inscrivent en profond désaccord avec leurs compatriotes de l’autre bord politique, mais également qu’ils n’éprouvent à leur égard aucune sympathie, ni aucun respect.

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