Renzi fait un mauvais choix pour l’Europe

ROME – La nomination de la ministre italienne des Affaires étrangères Federica Mogherini au poste de Haute Représentante de l’Union pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité a mis en lumière deux illusions. La première réside en ce que les États membres de l’UE éprouveraient un réel intérêt à l’égard d’une politique étrangère commune, et la seconde dans l’idée que l’Italie disposerait d’un gouvernement solide et crédible.

De toute évidence, la désignation de Mogherini, 41 ans, permet à l’UE de gagner des points autour des questions de sexe, d’âge et d’appartenance politique des acteurs désignés. Mais cette nomination revient également à envoyer un message fort selon lequel la politique étrangère demeure une préoccupation secondaire pour les nouveaux responsables de l’UE. Malgré toute la difficulté de la situation géopolitique à laquelle l’UE est actuellement confrontée, le poste de Haute Représentant ne pèse encore que d’une faible influence. Jusqu’à cette année, Mogherini était en effet peu familière de l’exercice consistant à élaborer une politique étrangère. 

Henry Kissinger aurait un jour eu cette formule célèbre (bien qu’il s’en défende aujourd’hui) : « Qui dois-je appeler si je souhaite m’adresser à l’Europe ? » De nos jours, il saurait pouvoir appeler Mogherini, mais s’interrogerait alors sans doute « Mogherini qui ? » Quarante ans plus tard, l’Europe n’est toujours pas parvenue à trouver le moyen efficace et plausible de s’exprimer d’une seule voix en matière de politique étrangère.

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