stiglitz263_In Pictures Ltd.Corbis via Getty Images_womenproteststarbucks In Pictures Ltd./Corbis via Getty Images

Impôt sur les entreprises: en finir avec les demi-mesures

NEW YORK – La mondialisation a depuis quelques années mauvaise réputation, et souvent pour de bonnes raisons. Certains de ses contempteurs, notamment le président des États-Unis Donald Trump, n’en dirigent pas moins leurs critiques contre de fausses cibles, fabriquant une image déformée où l’Europe, la Chine et les pays développés auraient blousé les négociateurs commerciaux américains, poussés à signer des accords défavorables, qui auraient conduit aux maux dont souffrent actuellement l’Amérique. L’argument est absurde : c’est l’Amérique, après tout, et plus exactement l’Amérique des entreprises, qui a tenu la plume lorsqu’on été rédigées les règles de la mondialisation.

Cela dit, l’un des aspects les plus toxiques de la mondialisation n’a pas reçu l’attention qu’il méritait : l’évasion fiscale des entreprises. Les multinationales ne peuvent que trop facilement relocaliser leur siège et leur production dans les pays qui pratiquent les prélèvements les plus bas. Et elles n’ont pas même besoin, dans certains cas, de déménager leurs activités commerciales, car elles peuvent simplement jouer sur leurs « écritures » comptables.

Ainsi Starbucks peut-elle poursuivre son développement au Royaume-Uni tout en y payant pour ainsi dire aucun impôt, au prétexte que ses bénéfices y sont des plus réduits. Mais si c’était vrai, s’y développer n’aurait aucun sens. Pourquoi renforcer votre présence si vous ne pouvez en attendre aucun profit ? Ces bénéfices existent, bien sûr, mais ils sont aspirés hors du Royaume-Uni, sous forme de redevances, de droits de franchise ou d’autres charges, vers des pays où les impôts sont moins élevés.

https://prosyn.org/g3WgFSpfr