Le spectre nucléaire de la Corée du Nord

DENVER – La récente déclaration de la Corée du Nord de ne pas autoriser les touristes étrangers à traverser ses frontières afin de se protéger contre le virus Ebola, a provoqué les moqueries partout dans le monde. « Le virus Ebola a certainement mieux à faire que de visiter cet endroit », ont ironisé certains observateurs. Au moment même où des événements mondiaux se déroulent à un rythme vertigineux, la Corée du Nord semble piétiner constamment dans une sorte d'enfer stalinien. Pourtant la croissance de l'arsenal nucléaire de cet enfer ne prête pas à rire.

L'apparente immuabilité de la Corée du Nord donne à certains développements inattendus l'apparence de signes avant-coureurs d'un événement important. Après un mois sans nouvelles images du dirigeant du pays Kim Jong-un, les observateurs internationaux spéculent avec impatience sur son état de santé, sa sécurité personnelle et sa mainmise sur le pouvoir. Selon eux, Kim n'aurait pas manqué d'assister à certains événements importants, dont une cérémonie en l'honneur de ses père et grand-père Kim Jong-il et Kim Il-Sung, à moins que quelque chose de grave n'ait eu lieu.

A peine Kim de retour sous le feu des projecteurs, boiteux et affublé d'une canne, le régime a déclenché une nouvelle série de spéculations en libérant Jeffrey Fowle, un Américain de 56 ans détenu pendant des mois pour avoir laissé une Bible dans une chambre d'hôtel. Des observateurs étrangers estiment qu'après avoir été abandonnée par ses rares alliés au cours des dernières années, la Corée du Nord se sent plus isolée que jamais. Dans ce contexte, la libération de Fowle, apparemment sans équivoque, a été interprétée comme un signe de la volonté du régime d'entamer un dialogue tant attendu avec les États-Unis.

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