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Une réflexion non orthodoxe sur une politique monétaire non conventionnelle

CONSTANCE – Les taux directeurs des banques centrales des économies avancées sont bloqués à des niveaux inconfortablement bas. Et il ne s’agit pas d’une conjoncture momentanée : un faisceau croissant de preuves laisse à penser que ces circonstances aléatoires devraient persister. L’inflation aux États-Unis, en Europe et au Japon reste en deçà des objectifs officiels. Les mesures du taux d’intérêt naturel, en adéquation avec des conditions économiques normales, accusent une tendance à la baisse depuis des années.

Les estimations du taux d’intérêt naturel pour les États-Unis se situent entre 2,25 et 2,50 pour cent – en d’autres termes, précisément l'objectif de taux des fonds fédéraux de la Réserve fédérale américaine (Fed). Cela signifie que la Fed n’a qu’une marge de manœuvre limitée en matière de resserrement monétaire si elle ne veut pas manquer sa cible d’inflation et mettre en péril la croissance économique. Et ce qui vaut pour la Fed est encore plus vrai pour la Banque centrale européenne et la Banque du Japon.

Ce plafonnement des taux directeurs envisageables signifie que lors de la prochaine récession, les banques centrales n’auront qu’une marge d’action réduite pour les abaisser. Quelques banquiers centraux ingénieux ont bien tenté des expériences avec des taux d’intérêt négatifs. Mais les analyses rétrospectives ont établi que des taux négatifs compromettent la rentabilité des banques commerciales et affaiblissent l’ensemble du système bancaire, si bien que les banquiers centraux peu enclins à prendre des risques répugneront à répéter ces expériences.

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