suzman6_Pool BOUVETDE KEERLEGamma-Rapho via Getty Images_mandelaliberation Pool Bouvet/De Keerle/Gamma-Rapho via Getty Images

Comment Nelson Mandela a fait plier l’histoire

SEATTLE – Voici vingt-cinq ans se tenaient en Afrique du Sud les premières élections libres depuis la fin de l’apartheid. Le Congrès national africain (African National Congress – ANC) et son chef, Nelson Mandela, devenu président, commencèrent de retisser un pays désuni. Alors que l’Afrique du Sud vient d’achever sa sixième consultation électorale générale, il n’est pas inutile de rappeler le formidable héritage légué par Mandela.

En 1994, jeune journaliste au Financial Times, j’étais chargé de suivre le dirigeant du Congrès panafricain (Pan Africanist Congress – PAN) Clarence Makwetu, et notamment le moment où il glisserait son bulletin dans l’urne. Makwetu n’avait pas intérêt à la réconciliation. Durant l’apartheid, la branche militaire du PAC avait fait sien le slogan « un colon, une balle » et ses membres appelaient à rejeter « tous les blancs à la mer ».

Aucun sondage des électeurs noirs n’avait jamais été réalisé avant ces élections, et ceux dont nous disposions n’étaient guère fiables ; certains créditaient Makwetu et son parti d’un quart des intentions de votes. Beaucoup s’inquiétaient qu’un tel résultat ne déclenche une éruption de violence, et il semblait bien que cela dût être le cas.

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