Ni aide ni commerce

Pour beaucoup d'Africains, l'impasse actuelle dans laquelle se trouvent les négociations de l'OMC ne fait que répéter une vieille histoire connue de tous, celle de la riche famille qui néglige ses parents de la campagne. Les cousins plus pauvres envoient de nombreuses lettres demandant de l'aide pour les frais de scolarité, les graines et les engrais ; les gens de la ville répondent qu'une aide a été envoyée dans le passé mais qu'elle n'a abouti à rien, de sorte qu'ils invitent maintenant les gens de la campagne à se secouer les puces et à faire usage de leurs propres économies.

Mais les parents de la campagne n'ont aucune puce à secouer ni aucun argent de côté. Ils peuvent vendre quelques produits, mais il s'agit là, de l'avis de tous, de commerce, et non d'aide. Toutefois, les prix sont bas et les pauvres ont peu à vendre, et sont voués à la pauvreté tant que ne se produit pas un événement véritablement nouveau. La recherche et le développement basés sur la science constituent l'une des quelques méthodes connues pouvant amener de réelles innovations susceptibles d'accroître le rendement des gens pauvres en dépit d'un environnement défavorable. Mais l'approche « commerce, et non aide » ne permet en rien d'apporter les avantages de la science et de la technologie aux personnes qui en ont le plus besoin, à savoir les pauvres du monde entier.

Dans le monde réel des marchés mondiaux, le « tour du développement » des négociations de l'OMC peut encore reprendre après l'échec de Cancun quelques mois auparavant et pourrait en fin de compte apporter les avantages promis par la théorie économique : un volume de commerce plus important, à des conditions plus avantageuses, incitant à un investissement et à un transfert de technologies plus conséquents, profitant à son tour aux pauvres ainsi qu'aux riches.

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