far right rally torches SERGEI SUPINSKY/AFP/Getty Images

Conflit mondial en un nouvel « Âge des extrêmes »

TEL AVIV – Le défunt historien Eric Hobsbawm qualifiait le XXe siècle d’« âge des extrêmes », qui avait vu le socialisme conduire au Goulag, le capitalisme libéral aux dépressions cycliques et le nationalisme à deux guerres mondiales. Il pensait alors que l’avenir se présentait comme un prolongement du passé et du présent, que « le monde du troisième millénaire [resterait] un monde de violences politiques et de changements politiques violents [L’Âge des extrêmes, trad. fr. 2008, p. 596] » et que « la distribution sociale, plutôt que la croissance, devrait dominer la vie politique du prochain millénaire » [Ibid., p. 740].

L’histoire ne se répète peut-être pas, mais elle rime fréquemment. La célèbre sortie de l’ancienne Première ministre Margaret Thatcher affirmant qu’« il n’existe rien au monde qui ressemble à ce qu’on nomme “ société ” », mais seulement des « individus hommes et femmes », rime à n’en pas douter avec la vision clivée du monde et les comportements égocentriques des démagogues contemporains.

Aujourd’hui comme au XXe siècle, le nationalisme déchire les sociétés et divise les alliés d’autrefois, en nourrissant l’antagonisme contre l’« autre » et en justifiant les barrières, qu’elles soient physiques ou douanières. Les grandes puissances de ce monde ont à bien des égards renoué avec les attitudes de la guerre froide, se préparant psychologiquement, sinon militairement, à un conflit ouvert.

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