Federal Reserve Chair Janet Yellen Saul Loeb/Getty Images

Les banques centrales doivent travailler ensemble – ou souffrir seules

NEW YORK – La croissance mondiale semble prendre, lentement mais sûrement, le chemin de la reprise. Les dernières Perspectives de l’économie mondiales publiées par le Fonds monétaire international prévoient 3,5% de croissance mondiale cette année, en hausse par rapport aux 3,2% de l’an dernier. Pourtant, il y a un hic: les politiques monétaires accommodantes qui ont, dans une large mesure, permis aux économies de renouer avec la croissance atteignent leurs limites et menacent maintenant de perturber la reprise en créant les conditions d'une nouvelle crise financière.

Ces dernières années, les grandes banques centrales du monde ont adopté des politiques monétaires qui n’avaient jamais été aussi accommodantes, y compris en fixant les taux d’intérêt à des niveaux qualifiés par un récent rapport de la Deutsche Bank de « les plus bas jamais observés depuis plusieurs siècles ». Ceci, couplé à un assouplissement quantitatif à grande échelle, a injecté un montant massif de 32 billions de dollars dans l'économie mondiale au cours des neuf dernières années. Or, ces politiques non conventionnelles se révèlent être un cas classique de mauvais équilibre en théorie des jeux: chaque banque centrale gagne à maintenir les taux d'intérêt bas, mais, collectivement, leur approche constitue un piège.

Dans le monde globalisé d'aujourd'hui, une légère baisse des taux d'intérêt par une banque centrale individuelle peut générer des bénéfices, à commencer par l'affaiblissement de la monnaie qui stimule les exportations. Mais plus le nombre de pays ayant recours à cette stratégie augmente, plus la pression exercée sur le secteur bancaire est forte. Ceci est d’ores et déjà évident en Europe, où les cours des actions bancaires ont chuté de façon constante au cours des derniers mois.

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