turner67_OLIVIER DOULIERYAFP via Getty Images_USfederalreserve Olivier Douliery/AFP via Getty Images

Le retour du financement monétaire

LONDRES – Face à la pandémie du Covid-19, la Réserve fédérale américaine (Fed) s’apprête à racheter des quantités illimitées de bons du Trésor, la Banque d’Angleterre a annoncé un programme de rachat de titres à hauteur de 250 milliards d’euros et la Banque centrale européenne a de même annoncé un gigantesque plan d’urgence de rachat d’obligations de la zone euro, pour 750 milliards d’euros. Il paraît désormais acquis que les banques centrales auront recours à la création monétaire, ou la « planche à billets », pour financer les déficits budgétaires. La seule question est de savoir si elles doivent le faire explicitement.

À eux seuls, les outils conventionnels de politique monétaire sont clairement impuissants dans les circonstances actuelles. Les banques centrales ont déjà abaissé leurs taux d’intérêt directeurs et les rachats de dette publique et privée réduisent les rendements obligataires à long terme. Mais personne ne pense que cette baisse des taux d’intérêts sera en mesure de relancer les dépenses de consommation ou les investissements des entreprises. En revanche, le ralentissement de la croissance économique pourrait être compensé (autant que possible) par une augmentation des dépenses publiques destinées aux services de santé, une aide financière directe aux travailleurs licenciés et une baisse des prélèvements fiscaux. Toutes ces mesures se traduiront inévitablement par des déficits budgétaires sans précédent.

En théorie, le financement de ces déficits par la vente d'obligations d'État pourrait accroître les rendements obligataires, ce qui pourrait compenser l'effet de stimulus. Mais étant donné que les banques centrales rachètent des actifs et réduisent ainsi les taux auxquels s’endettent les États, les gouvernements peuvent emprunter tous les montants nécessaires à des taux d’intérêts au plus bas.

https://prosyn.org/awLNQhffr