buchholz4_Theo WargoGetty Images_hamilton Theo Wargo/Getty Images

Hamilton gagnant contre la TMM

SAN DIEGO – Alexander Hamilton était-il un imbécile ? C’est ce que doivent penser les partisans de la théorie monétaire moderne. Hamilton, dont l’histoire est maintenant chantée par des millions d’écoliers, persuada les jeunes États-Unis d’absorber la dette publique, de la rembourser et de construire une réputation de fiabilité. « Si nous prenons les dettes à notre charge – disent les paroles de la comédie musicale Hamilton – l’Union obtiendra de nouvelles lignes de crédits, un diurétique financier. Comment ne pas le comprendre ? »

Hamilton aurait-il dû déchirer la dette accumulée par les États lors de la guerre révolutionnaire ? Les soutiens de la TMM semblent le penser, lorsqu’ils affirment que les pays peuvent à loisir imprimer de la monnaie et ignorer la dette sans en souffrir. Je serais heureux de pouvoir croire que la dette publique importe peu (ou qu’Elvis est toujours vivant), mais la dette importe, beaucoup, et nous devrions être reconnaissants au président élu Joe Biden d’avoir choisi pour secrétaire au Trésor, sous réserve de son approbation par le Sénat, Janet Yellen, qui n’est pas une adepte de la TMM.

Les partisans de la TMM voient cependant affluer des soutiens toujours plus nombreux. Des taux d’intérêt extrêmement bas ont nourri la tentation croissante de continuer à émettre de la monnaie et d’ignorer la dette jusqu’à ce que l’inflation ne reparte à la hausse. Lorsque ce moment arrivera, assurent les théoriciens monétaires modernes, il suffira de diminuer la dépense publique pour ralentir l’économie. L’argument est ingénieux, à condition d’ignorer l’histoire et de n’avoir pas de sens commun, car c’est croire que les élus accepteraient ce à quoi ils sont précisément le moins enclins.

https://prosyn.org/LAiK2pNfr