Italy's President Sergio Mattarella addresses journalists VINCENZO PINTO/AFP/Getty Images

La démarcation italienne

PARIS – Même si l’Italie s’est finalement dotée d’un gouvernement de coalition entre le Mouvement 5 étoiles (M5S) et la Ligue, les deux partis anti-système, il ne faut pas sous-estimer l’impact politique du veto mis par le président Sergio Mattarella à la nomination de Paolo Savona au ministère de l’Économie et des Finances. Eurosceptique affirmé, celui-ci avait ouvertement plaidé pour la mise en place d’un « plan B » de sortie de la monnaie unique, et Mattarella a fait valoir que sa nomination pourrait ouvrir la voie à cette sortie.

Savona se retrouve finalement à un poste de second rang, au ministère des Affaires européennes. L’affaire peut paraître close, mais il faut se rappeler le tollé initialement suscité par la décision de Mattarella. Le 28 mai Luigi di Maio, le chef de file du M5S, a réclamé la destitution du président, avant de faire marche arrière quelques heures plus tard. Matteo Salvini, celui de la Ligue, a appelé à de nouvelles élections destinées, disait-il, a servir de référendum sur la liberté ou l’esclavage de l’Italie. En France, Marine Le Pen, qui avait en 2017 tenté de se faire élire à la présidence de la République sur la promesse d’un abandon de l’euro, a dénoncé « un coup d’État ». Le choc a donc été violent.

Ce n’est pas la première fois que le maintien d’un pays dans la zone euro suscite un débat politique majeur. La question s’est posée, implicitement au moins, lors du referendum grec de 2015 sur les conditions de l’aide financière. En France, en 2017, Le Pen et Emmanuel Macron en ont explicitement débattu au cours de la campagne présidentielle. C’est en revanche la première fois que l’euro est la source directe d’un différend juridique sur la nomination d’un gouvernement.

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