PARIS – Les attendus sont désormais connus. Parce qu’il aurait supprimé l’ISF, mis en place une plus grande flexibilité du marché du travail, engagé un processus de réforme du logement ainsi qu’un dispositif de sélection à l’université, Macron mènerait forcément une politique de droite. Et parce qu’une majorité d’électeurs de droite y trouverait son compte toute contestation en appel de ce jugement serait inutile. Faut-il s’en tenir là ? Probablement pas. Car le brouillage des cartes idéologiques auquel nous assistons n’est en réalité que l’expression d’une politique visant non pas à changer de modèle social mais à en transformer le logiciel. A le faire basculer d’une logique très réparatrice à une logique préparatrice mieux à même de faire face aux défis de la numérisation, de la globalisation et de l’innovation. Or ce changement modifie forcément le rapport classique que l’on peut avoir avec la redistribution et donc à la définition classique que peut en avoir la gauche. Encore faut-il que ce changement de paradigme soit formalisé et expliqué.
Le clivage gauche/droite a une histoire. Et celle-ci n’est pas forcément terminée. La droite insiste traditionnellement sur la liberté, la gauche sur l’égalité. La première se montre soucieuse de limiter les entraves à la liberté de créer, la seconde des modalités de sa redistribution. Ce clivage est fortement ressenti en France car nous sommes au fond le pays qui l’avons inventé même si paradoxalement la puissance de l’État redistributif a dans les faits considérablement atténué l’écart entre les deux camps. Ce clivage porte d’abord sur l’économique et le social. Mais on en trouve des prolongements dans le domaine de l’éducation par exemple : scolarité longue contre orientation précoce par exemple .Ces différences existent et n’ont pas vocation à disparaître. Mais au fil des années elles ont beaucoup perdu de leur valeur interprétative car au sein des deux camps les fractures se sont multipliées. Il y a d’abord eu l’émergence du Front National qui emprunte à la gauche la thématique étatiste redistributive et à la droite la critique de l’assistanat. Par ailleurs, l’entrée sur le marché politique des enjeux identitaires a brouillé encore plus les lignes. À gauche, il n’y a pas eu fragmentation mais atomisation. Il y a bien sûr une ligne de partage entre ce que l’on pourrait appeler la gauche radicale et la gauche de gouvernement. Mais cette distinction fondée ne rend pas compte du fait que ce clivage passe à l’intérieur même du parti socialiste. Aujourd’hui sur la quasi-totalité des sujets, de la laïcité à l’Europe en passant par l’éducation et l’entreprise, la gauche est totalement divisée rendant extrêmement difficile l’identification de ce que serait une politique de gauche.
Avec l’élection de Macron, ces contradictions se sont exacerbées. La droite qui voit une très large partie de son programme économique repris à son compte par le gouvernement Philippe ne dispose désormais que du registre identitaire pour se démarquer. Le parti socialiste est confronté à un problème tout à fait symétrique. La ligne qu’il s’est provisoirement imposée sur le thème «ni Macron ni Mélenchon » traduit une immense difficulté à se définir positivement. Mais pour la droite comme pour la gauche les difficultés sont loin d’être terminées. L’heure de vérité sonnera au moment des européennes de 2019 où l’on verra de manière flagrante que les divergences sont très fortes à l’intérieur même de chaque camp. LR et le PS jouent leur survie, même si le socle sociologique de la droite est encore très fort.
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Rather than reducing concentrated market power through “disruption” or “creative destruction,” technological innovation historically has only added to the problem, by awarding monopolies to just one or a few dominant firms. And market forces offer no remedy to the problem; only public policy can provide that.
shows that technological change leads not to disruption, but to deeper, more enduring forms of market power.
The passing of America’s preeminent foreign-policy thinker and practitioner marks the end of an era. Throughout his long and extraordinarily influential career, Henry Kissinger built a legacy that Americans would be wise to heed in this new era of great-power politics and global disarray.
reviews the life and career of America’s preeminent foreign-policy scholar-practitioner.
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PARIS – Les attendus sont désormais connus. Parce qu’il aurait supprimé l’ISF, mis en place une plus grande flexibilité du marché du travail, engagé un processus de réforme du logement ainsi qu’un dispositif de sélection à l’université, Macron mènerait forcément une politique de droite. Et parce qu’une majorité d’électeurs de droite y trouverait son compte toute contestation en appel de ce jugement serait inutile. Faut-il s’en tenir là ? Probablement pas. Car le brouillage des cartes idéologiques auquel nous assistons n’est en réalité que l’expression d’une politique visant non pas à changer de modèle social mais à en transformer le logiciel. A le faire basculer d’une logique très réparatrice à une logique préparatrice mieux à même de faire face aux défis de la numérisation, de la globalisation et de l’innovation. Or ce changement modifie forcément le rapport classique que l’on peut avoir avec la redistribution et donc à la définition classique que peut en avoir la gauche. Encore faut-il que ce changement de paradigme soit formalisé et expliqué.
Le clivage gauche/droite a une histoire. Et celle-ci n’est pas forcément terminée. La droite insiste traditionnellement sur la liberté, la gauche sur l’égalité. La première se montre soucieuse de limiter les entraves à la liberté de créer, la seconde des modalités de sa redistribution. Ce clivage est fortement ressenti en France car nous sommes au fond le pays qui l’avons inventé même si paradoxalement la puissance de l’État redistributif a dans les faits considérablement atténué l’écart entre les deux camps. Ce clivage porte d’abord sur l’économique et le social. Mais on en trouve des prolongements dans le domaine de l’éducation par exemple : scolarité longue contre orientation précoce par exemple .Ces différences existent et n’ont pas vocation à disparaître. Mais au fil des années elles ont beaucoup perdu de leur valeur interprétative car au sein des deux camps les fractures se sont multipliées. Il y a d’abord eu l’émergence du Front National qui emprunte à la gauche la thématique étatiste redistributive et à la droite la critique de l’assistanat. Par ailleurs, l’entrée sur le marché politique des enjeux identitaires a brouillé encore plus les lignes. À gauche, il n’y a pas eu fragmentation mais atomisation. Il y a bien sûr une ligne de partage entre ce que l’on pourrait appeler la gauche radicale et la gauche de gouvernement. Mais cette distinction fondée ne rend pas compte du fait que ce clivage passe à l’intérieur même du parti socialiste. Aujourd’hui sur la quasi-totalité des sujets, de la laïcité à l’Europe en passant par l’éducation et l’entreprise, la gauche est totalement divisée rendant extrêmement difficile l’identification de ce que serait une politique de gauche.
Avec l’élection de Macron, ces contradictions se sont exacerbées. La droite qui voit une très large partie de son programme économique repris à son compte par le gouvernement Philippe ne dispose désormais que du registre identitaire pour se démarquer. Le parti socialiste est confronté à un problème tout à fait symétrique. La ligne qu’il s’est provisoirement imposée sur le thème «ni Macron ni Mélenchon » traduit une immense difficulté à se définir positivement. Mais pour la droite comme pour la gauche les difficultés sont loin d’être terminées. L’heure de vérité sonnera au moment des européennes de 2019 où l’on verra de manière flagrante que les divergences sont très fortes à l’intérieur même de chaque camp. LR et le PS jouent leur survie, même si le socle sociologique de la droite est encore très fort.
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