Vivre avec l'insécurité

Je me suis souvent demandé pourquoi Karl Popper avait terminé la péroraison dramatique du premier volume de son ouvrage La société ouverte et ses ennemis par la phrase : " Nous devons continuer notre chemin dans l'inconnu, l'incertain et l'insécure, en utilisant la raison que nous avons afin de planifier à la fois la sécurité et la liberté. " La liberté ne suffit-elle pas ? Pourquoi placer la sécurité sur le même niveau que cette valeur suprême ?

Puis on se souvient que Popper écrivait pendant les dernières années de la Deuxième Guerre Mondiale. En regardant le monde en 2004, vous commencez à comprendre le raisonnement de Popper : la liberté implique toujours de vivre avec le risque, mais sans la sécurité, le risque implique uniquement des menaces, et non des opportunités.

Les exemples foisonnent. La situation en Irak n'est peut-être pas aussi noire que les nouvelles quotidiennes d'attaques à la bombe la dépeignent, mais il est clair qu'aucun progrès durable vers un ordre libéral ne pourra être constaté sans une sécurité fondamentale. L'histoire de l'Afghanistan est encore plus complexe, bien que les mêmes faits s'y vérifient. Mais qui assure la sécurité, et comment ?

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