Respecter l’engagement européen envers la Turquie

Le moment de vérité est arrivé. L’Union européenne devra décider le 17 décembre prochain de l’ouverture des négociations pour l’accession de la Turquie ŕ l’Union européenne. L’Union européenne d’aujourd’hui est-elle pręte ŕ renverser le cours de l’histoire mis en branle par des titans tels que Charles de Gaulle et Konrad Adenauer il y a prčs de quarante ans maintenant ?

Quand les chefs d'État et de gouvernement européens déclaraient en 1999 que « la Turquie est un État candidat destiné ŕ rejoindre l'Union européenne sur la base de critčres identiques ŕ ceux appliqués aux autres États candidats », ils le firent en toute connaissance de cause des arguments plaidant en faveur ou contre l'accession de la Turquie ŕ l'Union européenne. Il en va de męme pour la décision qu'ils prirent trois ans plus tard en promettant d'ouvrir les négociations d'accession s'ils pouvaient confirmer en décembre 2004 que la Turquie répondait aux critčres politiques et si la Commission européenne recommandait l'entrée de la Turquie dans l'Union, ce qui fut fait en octobre de cette année.

En offrant ses recommandations, la Commission a mis en avant les progrčs de la Turquie, tout en indiquant les zones oů des efforts supplémentaires devaient ętre faits. Les conclusions de la Commission, cependant, étaient claires : elle « considčre que la Turquie répond suffisamment bien aux critčres politiques et recommande que les négociations pour l’accession soient ouvertes. » Si les dirigeants européens hésitaient maintenant ŕ ouvrire les négociations avec la Turquie, non seulement ils viendraient contredire leur propre décision passée, mais ils seraient également en violation flagrante de l’engagement politique répété de l’Union envers la Turquie.

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