Réélire l’Europe

MADRID – La course aux élections parlementaires européennes du mois prochain révèle une forte tension entre les pro- et les anti-européens. D’après les sondages, les deux principales forces politiques, conservateurs et sociaux-démocrates, seraient encore au coude à coude (loin devant les autres) ; pour autant, la montée du populisme inquiète profondément tous ceux qui croient en l’unité de l’Europe – et pas seulement les conservateurs et les sociaux-démocrates, mais également les libéraux et les écologistes.

Les partis tels que le Front national français ou le Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni pourraient bien devenir favoris dans leur pays respectif, et ils ne sont pas les seuls. En Finlande, en Autriche, aux Pays-Bas, en Hongrie, en Grèce et ailleurs, les forces politiques anti-européennes et les partis eurosceptiques plus traditionnels bénéficient d’une désillusion croissante vis-à-vis des institutions de l’Europe, dénonçant les mesures utilisées dans la lutte contre la crise économique européenne actuelle, et accentuant la division entre le nord et le sud de l’Union européenne. Malgré une succession rapide d’avancées significatives, les citoyens de l’UE ne ressentent que peu d’amélioration autour de ce qui leur importe le plus, à savoir leur vie quotidienne.

Cette opposition entre pro- et anti-européens masque néanmoins le véritable enjeu, sur lequel il s’agirait d’axer le débat électoral, à savoir comment faire en sorte que l’Europe génère une croissance économique durable. En lieu et place des ripostes perpétuellement formulées à l’encontre des eurosceptiques, il conviendrait pour les partis désireux d’une Europe meilleure pour tous de faire de cette question l’élément principal du débat. La relance globale – en matière d’investissement, de demande et d’emploi – constitue l’arme la plus efficace que l’on puisse opposer à ceux qui souhaitent anéantir le projet européen.

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