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Les institutions internationales comptent encore pour les États-Unis

CAMBRIDGE – Malgré le mépris où Donald Trump a tenu les institutions internationales, sa présidence a rappelé l’importance pour le monde de leur efficacité et de leur résilience. Les autres pays ont profité des institutions multilatérales créées après 1945 aux dépens des États-Unis, tel était l’un des thèmes de la campagne électorale de Trump, en 2016. Ce sur quoi reposait ses suffrages populistes allait certes bien au-delà de la politique étrangère, mais Trump a su tirer parti des ressentiments à l’intérieur en imputant la responsabilité les problèmes économiques à de « mauvais » accords commerciaux conclus avec des pays comme le Mexique ou la Chine et à la concurrence des immigrants dans l’emploi. On faisait endosser à l’ordre international libéral né après 1945 le rôle du méchant.

Comme je le montre dans mon livre Do Morals Matter? Presidents and Foreign Policy from FDR to Trump (« La morale compte-t-elle ? les présidents [des États-Unis] et la politique étrangère, de Franklin Delano Roosevelt à Trump », non traduit), les présidents américains ne furent jamais de parfaits libéraux à l’égard des institutions multilatérales. Le soutien de Dwight Eisenhower aux opérations clandestines menées en Iran et au Guatemala et celui de John F. Kennedy à celle qui fut tentée à Cuba sont contraires à une lecture rigoureuse de la Charte des Nations Unies. Richard Nixon a brisé les règles des institutions économiques nées des accords de Bretton Woods et relevé, contre nos alliés, les droits de douane en 1971. Ronald Reagan a ignoré un arrêt de la Cour internationale de justice déclarant contraire au droit la pose de mines dans les ports nicaraguayens. Bill Clinton a bombardé la Serbie sans disposer d’une résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies.

Avant 2016, néanmoins, les présidents américains ont soutenu dans la plupart des cas les institutions internationales et cherché à les étendre, qu’il se soit agi du Traité de non-prolifération nucléaire lors de la présidence de Lyndon B. Johnson, des accords sur la limitation des armements stratégique lors de la présidence de Richard Nixon, de l’accord de Rio de Janeiro sur le changement climatique lors de la présidence de George H. W. Bush, du nouveau cycle de négociations à l’Organisation mondiale du commerce ou de l’extension du régime de contrôle de la technologie des missiles lors la présidence de Bill Clinton, ou encore de l’accord de Paris sur le climat lors de la présidence de Barack Obama.

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