roubini134_JOHANNES EISELEAFP via Getty Images_USstockmarkettrader Johannes Eisele/AFP via Getty Images

La nouvelle exubérance des marchés financiers est irrationnelle

NEW-YORK – A deux reprises, en mai et en août dernier, l'escalade du conflit commercial et technologique entre les USA et la Chine a ébranlé la Bourse et poussé le rendement des obligations à des niveaux historiquement bas. Mais la situation a changé depuis, car les marchés financiers ont recommencé à flamber. Les titres américains s'envolent, et ils ne sont pas les seuls - au point que selon certains observateurs, la Bourse pourrait battre des records. La frénésie qui s'est emparée des marchés financiers repose sur l'espoir que le récent ralentissement mondial soit suivi en 2020 d'une relance et d'un raffermissement de l'inflation basés sur la vente des actions et l'achat d'obligations (ce qui favorise les gains et les titres à risque). Ce soudain basculement de la recherche de la sécurité vers la prise de risques traduit une évolution positive sur quatre plans.

Tout d'abord, les USA et la Chine vont probablement parvenir à un premier accord qui permettrait de stopper au moins temporairement toute escalade de leur guerre commerciale et technologique. Deuxièmement, malgré les incertitudes qui entourent les élections du 12 décembre au Royaume-Uni, le Premier ministre Boris Johnson est parvenu à assurer au minimum une ébauche de Brexit en douceur. De ce fait, la probabilité de conséquences désastreuses pour son pays a beaucoup diminué.

Troisièmement, les USA ont fait preuve de retenue face aux provocations iraniennes au Moyen-Orient. Le président Trump a réalisé que des frappes chirurgicales contre l'Iran risquaient de dégénérer en un véritable conflit et d'entraîner une flambée du cours du pétrole. Enfin, la Réserve fédérale américaine, la Banque centrale européenne (BCE) et d'autres grandes banques centrales utilisent le relâchement monétaire pour lutter contre les difficultés géopolitiques. Les banques centrales intervenant à nouveau au secours de l'économie, un signe de reprise, aussi mineur soit-il (qu'il s'agisse de la stabilisation du secteur manufacturier américain, de la résilience du secteur des services ou de la croissance de la consommation), est considéré comme l'amorce d'une nouvelle phase d'expansion mondiale.

https://prosyn.org/CLDaPT2fr