Quant on se compare …

Lequel de nous deux est le plus riche, vous ou moi ? Dans la mesure où nos moyens nous permettent de vivre confortablement, cette question ne devrait pas avoir beaucoup d'importance, et effectivement pour beaucoup de gens elle n'en a pas. Mais il arrive que l'on ne puisse s'empêcher de faire des comparaisons. A l'époque de la mondialisation, avec certains pays en croissance rapide alors que d'autres stagnent, avec la télévision et internet qui nous permettent de voir comment on vit ailleurs, ces comparaisons tiennent une place de plus en plus grande dans l'économie mondiale.

Leon Festinger, un spécialiste de la psychologie sociale, disait que le besoin de se comparer à autrui, quels que soient nos scrupules à ce sujet, est irrépressible et qu'il se retrouve dans toutes les sociétés et dans tous les groupes sociaux. Il estimait que l'on tend à se comparer, que ce soit en terme de richesse, de savoir-faire ou simplement de séduction, aux personnes que l'on côtoie régulièrement et qui appartiennent au même groupe social que nous. Nous nous préoccupons beaucoup moins de ceux qui appartiennent à des catégories très différentes de la notre, qu'elles soient très supérieures ou très inférieures à la notre ; la différence est telle qu'elle ne nous préoccupe pas.

Dans son livre, The Moral Consequences of Economic Growth (Les conséquences psychologiques de la croissance économique), l'économiste Benjamin Friedman qui est professeur à Harvard recense les conséquences de ces comparaisons quant à l'harmonie de la société et la réussite de l'économie..Il estime que les comparaisons de richesse sont plus dangereuses pour la société si riches et pauvres appartiennent à des races ou des groupes ethniques différents. Ces comparaisons acquièrent alors une tonalité politique, ce qui catalyse des conflits sociaux qui ont des répercussions négatives sur l'économie.

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