rajan73_JIM WATSONAFP via Getty Images_jerome powell JIM WATSONAFP via Getty Images

Le piège monétaire et le piège inflationniste

CHICAGO – La hausse des prix aux États-Unis se répand dans les biens et les services, et l’inflation touche aussi une large part des intrants des entreprises – transport, énergie et, de plus en plus, emploi. Quelle réaction des banquiers centraux pouvons-nous en attendre ?

La Réserve fédérale des États-Unis a déjà fait savoir qu’elle ne considérerait une hausse des taux d’intérêt qu’après être parvenue à réduire progressivement ses achats mensuels d’actifs, ce qui devrait être chose faite, si l’on en croit son rythme actuel d’allègement, aux alentours de juillet 2022. Certains membres du Comité fédéral des marchés ouverts, qui fixe les taux de la Fed, craignent pourtant que cette date ne soit trop tardive, et que la banque centrale ne se voit alors contrainte de remonter trop brutalement les taux, et pour plus longtemps que prévu. Ainsi le vice-président de la Fed, Richard Clarida, a-t-il récemment fait savoir que le programme de réduction des achats de titres serait peut-être accéléré (de sorte que les taux puissent être revus plus vite à la hausse), après la réunion, en décembre, du Comité.

Quelles que soient les inquiétudes, croissantes mais souvent tues, de la Fed, les banquiers centraux sont aujourd’hui réticents à considérer l’inflation comme un problème. Autrefois, les niveaux actuels d’inflation les auraient conduits à prendre leur respiration pour mettre en valeur leur carrure, à fixer d’un regard ferme les caméras de télévision et à déclarer : « Nous ne haïssons rien tant que l’inflation, et nous allons la juguler. » À tenir ce type de discours, du moins. Mais aujourd’hui, il est plus probable qu’ils s’excusent de l’inflation, et rassure l’opinion en l’assurant qu’elle ne durera pas.

https://prosyn.org/1o6L54xfr