rodrik206_In Pictures Ltd.Corbis via Getty Images_trade In Pictures Ltd./Corbis via Getty Images

Quelle prochaine étape pour la mondialisation ?

CAMBRIDGE (MASS.) – Le grand récit auquel s’appuie le système actuel de l’économie mondiale est en plein rebondissement de l’intrigue et va s’en trouver profondément modifié. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, ce qu’on nomme l’ordre international libéral repose sur la libre circulation des biens, des capitaux et des services financiers, mais ce dispositif semble aujourd’hui de plus en plus anachronique.

L’organisation d’un marché, quel qu’il soit, a besoin de grands récits – des histoires que nous nous racontons pour comprendre le fonctionnement du système. C’est encore plus vrai pour l’économie mondiale, car à la différence d’un pays, le monde ne dispose pas d’un gouvernement central édictant les règles et garantissant leur respect. Pris ensemble, ces récits contribuent à la création et au maintien des normes qui conservent le système en bon ordre et en état de fonctionnement, qui disent aux gouvernements ce qu’ils doivent et ne doivent pas faire. Lorsqu’elles sont intériorisées, ces normes apportent aux marchés mondiaux un soutien que ne peuvent apporter ni les juridictions internationales, ni les traités commerciaux, ni les institutions multilatérales.

Ces grands récits du monde ont changé de nombreuses fois dans l’histoire. Au temps de l’étalon-or, mis en place à la fin du XIXe siècle, on considérait l’économie mondiale comme un système capable de s’ajuster et de s’équilibrer tout seul, pour la stabilité duquel le meilleur outil était la non-ingérence des États. Liberté de circulation des capitaux, liberté des échanges commerciaux et politiques macroéconomiques appropriées permettraient, pensait-on, de meilleurs résultats à l’économie du monde comme à celle de chaque pays.

https://prosyn.org/CIpqTNbfr