vives13_JAIME REINAAFP via Getty Images_caixabank Jaime Reina/AFP via Getty Images

Consolidation du secteur bancaire européen : le moment de vérité

BARCELONE – L’époque où les banquiers pouvaient rémunérer à 3 pour cent les comptes de dépôt de leurs clients, prêter à un taux de 6 pour cent et être sur le terrain de golf à 15h (la règle des 3-6-3) est bien révolue. Si certains banquiers continuent à faire abstraction des menaces pesant sur leurs activités, le fait est que les banques sont aujourd’hui en grande difficulté, à en juger par le net repli de leur valeur boursière globale (en termes du ratio prix sur valeur comptable) et de leur faible rentabilité actuelle et attendue.

Dans la période précédant la pandémie, les principaux défis pour le secteur bancaire comprenaient les faibles taux d’intérêt, les entreprises concurrentes de la Fintech et les coûts croissants de mise en conformité à la réglementation. Depuis la crise financière de 2008-2009, l’industrie bancaire européenne, en particulier, souffre de capacités excédentaires et d’une faible rentabilité. Et à présent, la crise du Covid-19 a aggravé la situation, en éliminant tout espoir de voir les taux d'intérêt augmenter dans un avenir prévisible.

Selon Andrea Enria, le président du conseil de surveillance prudentielle de la Banque centrale européenne (BCE), les banques de la zone euro pourraient faire face à 1400 milliards d’euros de pertes sur leurs crédits à cause de la crise actuelle. Celle-ci a par ailleurs accéléré la numérisation du métier, accroissant d’autant les pressions sur l’activité bancaire traditionnelle. Les banques, comme leurs clients, ont découvert qu’ils peuvent aisément fonctionner de manière dématérialisée. Cette évolution a révélé à quel point les réseaux d’agences bancaires en Europe étaient surdimensionnés et la nécessité de les réduire plus rapidement que prévu.

https://prosyn.org/Mjgt23Ofr