Young migrants and refugees stand at a fence of the Moria detention center ARIS MESSINIS/AFP/Getty Images

Inhumanité de la politique européenne à l’égard des réfugiés

MAASTRICHT – Pour les demandeurs d’asile du camp de réfugiés de Moria, sur l’île de Lesbos, en Grèce, le mot « presque » est devenu source d’angoisse et de confusion. Ils y sont presque arrivés. Ils sont presque rendus au terme de leur éprouvant voyage. Comme Arash, père de vingt-sept ans d’une petite fille, titulaire d’un master obtenu à Kaboul, en Afghanistan, le dit : « Quand on a tout dit, tout fait, nous ne sommes encore que presque humains. » Et l’Europe se contente de presque les accueillir.

« Presque ». Le mot est cause d’un désespoir insupportable pour les demandeurs d’asile piégés à Lesbos et à Samos, qui ont déjà souffert le choc de leur voyage et de la vie dans les camps. Selon un rapport publié en octobre par Médecins sans frontières, quasiment la moitié des réfugiés de l’île de Samos ont été confronté à la violence en traversant la Turquie, et près d’un quart l’ont connue depuis leur arrivée en Grèce. Les fonctionnaires qui recueillent les témoignages de vulnérabilité en Morée n’en sont même plus à demander qui a été violé, mais combien de fois et avec quelle brutalité.

Dans un tel contexte, comment s’étonner que les résidents souffrent de troubles psychologiques ? Mais plus de 500 noms sont inscrits sur la liste d’attente pour un traitement psychologique, ce qui signifie que quelques-uns seulement recevront un peu d’aide. Pendant ce temps, la petite clinique dirigée par des bénévoles grecs de l’Emergency Response Center International in Moria (Centre de réponse d’urgence international à Moria) est confrontée tous les jours à des cas d’automutilations, et les suicides ne sont pas rares.

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