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La pauvreté en Europe : une bombe à retardement

MADRID – Les pauvres, dans les pays avancés, ne décident pas souvent du résultat d’une élection. Ils font pourtant l’objet d’une cour assidue dans la campagne qui se déroule aujourd’hui en Italie. L’ancien Premier ministre, Silvio Berlusconi, qui dirige le parti Forza Italia, propose un « revenu de dignité », tandis que Beppe Grillo, l’ancien acteur et humoriste, qui dirige dans l’ombre le mouvement Cinq Étoiles, a appelé lui aussi à un « revenu citoyen ».

Les deux propositions – qui envisageraient de généreuses mensualités pour les défavorisés – posent question quant à leur but. Même dans une société profondément inégalitaire, les moins riches ne manquent pas nécessairement des moyens leur permettant de mener une vie décente et satisfaisante. Ce n’est pas le cas, en revanche, de ceux qui connaissent la pauvreté, car ils sont victimes de l’exclusion sociale totale, quand ils ne sont pas tout simplement dépourvus de toit. Même dans les économies avancées, les pauvres n’ont souvent pas accès au système financier, se battent pour payer leur nourriture ou leurs factures et meurent prématurément.

Certes, tous les pauvres ne vivent pas dans une telle misère. Mais beaucoup y sont réduits, et en Italie, leur poids électoral est indéniable. Presque cinq millions d’Italiens, soit environ 8 % de la population, doivent se battre pour obtenir les biens et services de base. Et d’ici seulement dix ans, cette proportion aura presque triplé, avec de fortes concentrations dans le Sud du pays. Dans le même temps, on estime que 6 % des Italiens se maintiennent dans une pauvreté relative, c’est-à-dire qu’ils ne disposent pas du revenu nécessaire pour jouir du niveau de vie moyen dans leur pays.

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