British police Hans Van Rhoon via ZUMA Wire

Une stratégie européenne de sécurité mort-née

MADRID – Lorsqu’une stratégie est annoncée alors même que personne n’y prête attention, cette stratégie peut-elle être entendue ? L’Union européenne trouvera réponse à cette question au mois de juin, lorsque Federica Mogherini, Haute Représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, présentera une stratégie de politique étrangère et de sécurité tant attendue pour l’Europe – précisément à l’heure où tous les regards seront tournés vers le référendum britannique autour du maintien dans l’UE.

Actuellement à la dérive, l’UE a désespérément besoin d’un catalyseur lui permettant de retrouver conscience commune et dynamisme ; un objectif auquel pourrait contribuer la stratégie européenne, à condition de ne pas être présentée au moment même où l’attention se concentre exclusivement sur une autre problématique, qui plus est susceptible d’engendrer un changement fondamental pour l’UE. C’est pourquoi il serait judicieux de reporter le lancement de cette stratégie à une date ultérieure au référendum.

Aux États-Unis, le président est légalement contraint de présenter chaque année sa stratégie de sécurité nationale. Bien que dans les faits cette contrainte ne soit pas systématiquement respectée – le président Barack Obama n’ayant présenté que deux stratégies au cours des sept dernières années – l’intention est ici claire : fixer un ensemble concret de priorités sécuritaires nationales, en fonction des éclairages fournis par l’administration au pouvoir, ainsi que de l’évolution des circonstances intéressant le pays.

https://prosyn.org/bhWUYVdfr