pisaniferry139_Thierry MonasseGetty Images_eu Thierry Monasse/Getty Images

L'imminent désastre énergétique de l'Europe

PARIS – Huit mois après l’invasion de l’Ukraine, l’Union européenne reste tristement divisée sur sa politique énergétique. Lors de leur dernier sommet les 20 et 21 octobre, les dirigeants ds Etats membres ont passé de longues heures à se disputer. Pour finir, ils ont publié un communiqué officiel reconnaissant simplement que "face à la militarisation de l'énergie par la Russie, l'Union européenne restera unie pour protéger ses citoyens et ses entreprises et prendra d'urgence les mesures nécessaires". Mais la seule décision significative à laquelle ils soient parvenus est d'intensifier les achats communs de gaz – et encore, en assortissant cette mesure de réserves rédhibitoires.

Les divergences politiques en Europe ne sont pas rares. Mais lorsque le COVID-19 a frappé, il n'a pas fallu plus de trois mois à la France et à l'Allemagne pour élaborer une proposition commune de sauvetage et de relance. Deux mois supplémentaires ont suffi aux États membres pour se mettre d'accord sur le système d'emprunt européen commun correspondant. Et lorsque les vaccins sont arrivés, il n'y a eu pratiquement aucune discussion sur la question de savoir s'il fallait les acheter en commun et les distribuer de manière équitable, en fonction de la population.

Dans la crise actuelle, les divergences ne concernent pas seulement les déclarations publiques et les réponses possibles. Les données révèlent des différences économiques massives entre les États membres de l'UE. En septembre, l'inflation en glissement annuel variait de 6,2 % en France à 24,1 % en Estonie. Nonobstant les variations dans les mix énergétiques nationaux et dans la part de l'énergie dans la consommation totale, ces différences reflètent principalement des réactions politiques nationales divergentes.

https://prosyn.org/5F1y9Xmfr