Tokyo humanoid Anadolu Agency/Getty Images

La promesse de machines éthiques

STORRS, CONNECTICUT – La perspective d’une intelligence artificielle (IA) soulève depuis bien des années un certain nombre de questions éthiques complexes. L’accent est le plus souvent placé sur la question de savoir comment les êtres humains, créateurs de machines, peuvent et doivent faire usage des robots les plus avancés. Le débat néglige ainsi cet aspect majeur que constitue la nécessité de concevoir une éthique au niveau des machines elles-mêmes, ainsi que de donner à ces machines les moyens de résoudre les éventuels dilemmes éthiques qui pourraient se présenter à elles. Ce n’est qu’à cette condition que les machines intelligentes pourront fonctionner de manière autonome, et prendre des décisions éthiques dans le cadre des tâches qu’elles accompliront, le tout sans intervention humaine.

Il est bien des activités que nous aimerions pouvoir entièrement déléguer à des machines au fonctionnement autonome. Les robots sont capables d’effectuer des tâches extrêmement risquées, ou particulièrement déplaisantes. Ils peuvent combler certains vides sur le marché du travail. Ils peuvent également assurer certaines missions hautement répétitives ou axées sur d’infimes détails – autant de tâches auxquelles les robots sont plus adaptés que les êtres humains.

Personne n’est cependant tout à fait à l’aise avec l’idée que les machines puissent agir en toute indépendance, sans un cadre éthique permettant de les guider (Hollywood a su avec brio mettre en lumière ces risques au fil des années). C’est pourquoi il nous faut exercer les robots à l’identification et à l’évaluation des aspects précisément éthiques d’une situation donnée (tels que l’existence de bienfaits ou de préjudices potentiels pour un être humain). Il nous faut ainsi inculquer aux machines le devoir d’agir de manière appropriée (c’est-à-dire de maximiser ces bienfaits et de minimiser ces préjudices).

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