pisaniferry109_Kay Nietfeldpicture alliance via Getty Images_climatechangecoronavirusprotestgermany Kay Nietfeld/picture alliance via Getty Images

L’action climatique après la crise du Covid : encore plus nécessaire, encore plus difficile

Des ménages appauvris par la crise et inquiets pour leur santé entendront-ils les arguments en faveur d’une économie plus verte ? Il faudra tenir compte du calendrier politique pour faire entendre des arguments solides en faveur d’une croissance décarbonée.

PARIS – Les militants Verts en sont convaincus : la crise du Covid-19 ne fait que renforcer l’urgence de la lutte contre le changement climatique. Mais les industrialistes endurcis sont tout aussi convaincus du contraire : la priorité est de réparer les dommages économiques causés par la crise sanitaire, et au besoin, il faudra renvoyer à plus tard le durcissement des réglementations environnementales. La bataille a déjà commencé. De son résultat dépendra le profil du monde de l’après-Covid.

Par bien des aspects, la crise sanitaire fait écho à la crise climatique. Toutes deux mettent en lumière les limites de notre pouvoir sur la nature. Toutes deux rappellent que l’anthropocène peut mal finir. Toutes deux enseignent que nos routines du quotidien peuvent aboutir à des catastrophes. Toutes deux conduisent à écarter les raisonnements linéaires et à réaliser que de petites déviations peuvent entraîner de grands dommages.  Comme l’a relevé l’économiste du climat Gernot Wagner, la pandémie est une sorte de réplique en accéléré du changement climatique. Ce n’est donc pas sans raisons que l’opinion mondiale considère, dans son écrasante majorité, que le réchauffement climatique est aussi important que le Covid-19, et souhaite que les gouvernements donnent priorité au changement climatique dans la phase de relèvement de l’activité.

La pandémie nous a également fourni un cours intensif sur les effets collectifs des comportements individuels. Chacun de nous a pris conscience que son devoir n’était pas seulement de se protéger lui-même, mais aussi de protéger les autres. Hier encore on pouvait considérer qu’il suffisait, pour s’acquitter de sa dette envers la collectivité, de payer ses impôts et d’effectuer quelques dons. Dans une crise sanitaire, pas plus que dans une crise climatique, on ne peut se borner à payer pour être quitte.  

https://prosyn.org/KFMCiPjfr