0Donner une nouvelle impulsion à l’Europe par l’énergie

Dans la campagne électorale présidentielle française actuelle, les affaires européennes sont mentionnées ou évoquées rapidement, mais rarement débattues. La France se préoccupe avant tout de ses problèmes nationaux, et en particulier du supposé dysfonctionnement de sa classe politique et de la soi-disant paresse des Français, qui serait responsable de la faible croissance économique, surtout comparée aux Etats-Unis. Un débat sur les questions de l’Union européenne est nécessaire en France, tant qu’il ne débouche pas – comme c’est souvent le cas en Europe – sur une auto flagellation.

Le germe d’un tel débat existe, très différent de celui qui dominait la scène politique française il y a deux ans lors du référendum sur le projet de constitution européenne, rejeté par les électeurs. Le fonctionnement des institutions européennes – la Banque centrale européenne, la Commission européenne et le Pacte de stabilité – est soumis à de vives critiques, mais pas au nom d’une nostalgie de la souveraineté nationale. L’Europe n’est pas mise en cause ; au contraire, les critiques visent à améliorer ces institutions au nom du bien commun.

Les deux principaux candidats à la présidence, Ségolène Royal et Nicholas Sarkozy, ont tous deux appelé à la création d’un gouvernement économique pour la zone euro. Bien sûr, un tel « gouvernement » existe déjà sous la forme de la Banque centrale européenne. Ce qui est aujourd’hui nécessaire est un cadre institutionnel qui donnerait une plus grande responsabilité du politique quant aux objectifs premiers que devrait poursuivre l'Europe - le plein emploi et la croissance – et qui comblerait au moins en partie le déficit démocratique impliqué par le transfert de la politique monétaire, des États de la zone euro à la BCE.

https://prosyn.org/ZrfZNxxfr