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Pas un nouveau Printemps arabe

TEL AVIV – « Un spectre hante le monde développé : le spectre de l’ingouvernabilité », débutait un éditorial publié cette année dans The Economist, qui paraphrasait les premières lignes du Manifeste du parti communiste. L’Occident n’est aujourd’hui plus le seul hémisphère en proie à l’ingouvernabilité. À travers le monde arabe, les manifestants font clairement savoir qu’ils resteront ingouvernables tant que leurs dirigeants ne leur proposeront pas une gouvernance acceptable.

Les détonateurs de la révolte varient selon les pays. En Algérie, c’est l’annonce du président Abdelaziz Bouteflika autour de sa candidature à un cinquième mandat qui a conduit la population à descendre en masse dans la rue. En Égypte, c’est le resserrement par l’État de son programme de subventions alimentaires, qui fournit des denrées de base comme le riz à plusieurs millions de personnes. En Iran, la colère est née d’une augmentation de 50 % du prix des carburants, auparavant fortement subventionnés ; au Soudan, le niveau élevé des prix et les pénuries de pain ; et enfin au Liban, une proposition de taxe sur les appels vocaux effectués via des applications telles que WhatsApp.

Mais si ces étincelles ont déclenché de si grandes explosions, c’est parce que la poudrière était déjà bien fournie. À l’issue même du renoncement de Bouteflika, de la réinscription par l’Égypte d’1,8 million de personnes dans son programme de subventions alimentaires, et de l’annulation par le Liban de sa proposition de taxe sur WhatsApp, les manifestations se sont poursuivies avec force.

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